Depuis sa création en 1954, lettres modernes minard s’est imposé comme une maison d’édition universitaire caractérisée par son ouverture à la pluralité des méthodes critiques, mais pondérée du discernement la préservant de toute mode ou allégeance à une école.
Au cours des années Cinquante, en tant qu’animateur responsable au Groupe d’Études de Lettres Modernes à la Sorbonne, Michel Minard avait accompagné la mise en place d’une Licence innovante d’enseignement de Lettres Modernes, puis avait milité pour le parachèvement laborieux d’un cursus académique complet (jusqu’à l’agrégation) qui intégrait littérature française, lettres étrangères et littérature comparée. Face aux lettres classiques, les lettres modernes acquéraient enfin un statut officiel, et la maison d’édition allait s’ouvrir à des recherches qui avaient à l’époque peu ou pas de place dans le domaine universitaire.
« défense et illustration des humanités modernes »
peut résumer le fondement éditorial de cette avancée, au point que, dès 1953, dans un prospectus inaugural, le programme des publications des cinquante années à venir se trouvait énoncé — et la vocation de son fondateur confirmée. Cette innovation intervenait dans une période où, dans le domaine universitaire des lettres, les grands noms d’érudits-éditeurs s’éteignaient, ne survivant que par des enseignes de Librairies-Imprimeurs pourvoyeurs de travaux aléatoires. Lettres modernes Minard s’est d’emblée distingué par l’élaboration d’une politique éditoriale construite, cohérente qui lui valut de devenir rapidement une référence universitaire internationale. À des ouvrages dont jusqu’ici la facture n’attestait l’austérité du sérieux que par la tristesse convenue de leur habillage, Michel Minard apportait un petit plus esthétique, tout en s’ancrant dans une tradition typographique rigoureuse mais revisitée pour intégrer le discernement acribique induit par l’émergence des théories du texte et de la génétique des œuvres. Des usages corrects mais obsolètes ont dû être affinés et repensés pour répondre aux exigences d’identité textuelle du nouveau lecteur.
En marge des circuits commerciaux, en interface entre recherche et publication, une telle entreprise n’a pu se développer et survivre dans un contexte économique globalement peu favorable que par une implication personnelle dans la maîtrise des contraintes, la gestion adaptée de pratiques innovantes parfois non orthodoxes, saisies au plus près ou simplement en avance sur leur temps.
Un parcours qui peut être singularisé par trois étapes :
— En 1954 l’adaptation du feuilleton d’histoire littéraire (dans la Revue des Lettres modernes) pour produire simultanément, au fur et à mesure, les cahiers qui constitueraient à terme les premiers volumes du fonds ;
— En 1980 l'élaboration du concept ÉMPC (Édition minimale en production continue) à partir du procédé d’impression d’offset rapide sans film et avec plaque papier a permis, par sa souplesse, de se libérer de la hantise des chiffres de tirages et retirages, et des contraintes d'entreposage des stocks ;
— Aujourd’hui les quelque mille titres au catalogue sont numérisés, tousdisponibles et produits en interne selon les besoins. Cette liste est disponible sur demande (formulaire de contact : voir onglet ci-dessus).
La collection«La Revue des Lettres modernes» — histoire des idées et des littératures — (la «RLM») s’est structurée en déployant des Séries monographiques (entre autres actives, sous leurs Directeurs-Éditeurs actuels) :
[1966]Barbey d’Aurevilly, Dir. P. Auraix-Jonchière – [1968]Camus, Dir. R. Gay-Crosier – [1970] Cocteau, Dir. S. Linares – [1971]Malraux, Dir. J.-C. Larrat – [1973]Giono, Dir. L. Fourcaut – [1974]Valéry, Dir. C. Vogel – [1984]Flaubert, Dir. G. Séginger – [1991] Gracq, Dir. P. Marot – [1993]Simon, Dir. J.-Y. Laurichesse – [1993]Roussel, Dir. A.-M. Amiot, C. Reggiani – [1999] Artaud, Dir. O. Penot-Lacassagne – [2004]Duras, Dir. B. Alazet – [2005] Char, Dir. P. Née, D. Leclair – [2009]Beckett, Dir. L. Brown – [2009]Gary, Dir. J. Roumette – [2010]Huysmans, Dir. J. Solal…
Les«Archives des lettres modernes» — études brèves de critique et d'histoire littéraire --: initialement destinée à accueillir, sous la forme de fascicules indépendants, des textes trop longs pour constituer des articles dans les revues universitaires traditionnelles, cette collection permet aujourd’hui de publier, par exemple, des « cœurs de thèses », ou des chapitres innovants.
Certaines anciennes collections du fonds Lettres modernes Minard sont disponibles sur demande : [1974] l'icosathèque (20th), Dir. M. J. Minard – Circé : cahiers de recherche sur l'imaginaire – Interférences arts/lettres.
Dans le sillage des sous-titres de ces deux collections historiques, un millier d'ouvrages ont contribué à fixer l’image de marque des publications lettres modernes minard : la minutieuse mise en forme de leur rigueur scientifique en garantit l’intérêt durable. Reconnus pour leur valeur d’outils de travail, ils bénéficient d’un référencement universitaire de qualité sur le plan international.