Sa vie durant, Jean Cocteau se défendit de mêler les pratiques artistiques et littéraires sans distinction. Il entendait par là combattre sa réputation de dilettante. Il n’en demeure pas moins que la multimédialité de son œuvre, unique dans le siècle à ce degré d’intensité, mérite d’être interrogée dans ses causes, ses modalités et ses effets. La recherche scientifique la plus récente sur Cocteau, en battant en brèche, preuves à l’appui, le reproche de dispersion qui entache encore sa postérité, a montré la cohérence de sa production protéiforme, sous le rapport des structures de l’imaginaire autant que des constantes du style. Mais elle n’a pas assez envisagé les interférences entre les moyens de création que Cocteau a sollicités tour à tour, ou de conserve. Ce volume entend précisément mettre l’accent sur les raisons psychologiques et esthétiques, les enjeux poétiques et culturels, les modes de circulation, voire les facteurs d’incompatibilité, qui se trouvent liés, chez Cocteau, aux usages croisés des arts. Ce faisant, il particularise la notion d’intermédialité, dont il sonde les ressources herméneutiques et touche aussi quelques limites.
|