Les poèmes et pensées de Paul Valéry sont traduits de son vivant, entre autres par le poète Rainer Maria Rilke, et ils continuent, de nos jours, à faire l’objet de vastes projets de traduction. Ceux et celles qui traduisent les Œuvres et les Cahiers de Valéry en allemand, en anglais, en arabe, en italien ou en portugais ne doivent pas seulement résoudre de nombreux problèmes – conceptuels, linguistiques, stylistiques – mais encore prendre en considération le contexte – culturel, social, politique – qui influence la réception de leurs traductions.
Or Valéry traduit lui-même. Sa traduction des Bucoliques de Virgile, entreprise entre 1942 et 1944 pour une société de bibliophiles, est le produit le plus connu de ses efforts de traducteur. Moins connus sont les ébauches et les essais de traduction inachevés qui témoignent de l’attention qu’il a portée, toute sa vie, à l’activité de traduire. En effet, Valéry considère la traduction comme une opération mentale de base. Loin de s’intéresser uniquement à la transposition d’un texte d’une langue dans une autre, il développe, dans un souci génétique, une véritable théorie de la pratique du traduire. Le présent volume éclaire le lien entre Valéry et la traduction sous ces angles différents et il montre son besoin vital de saisir les phénomènes en les traduisant en son propre langage. Christina VOGEL |
Ce n’est que la partie émergée d’un immense iceberg que les éditions des Histoires brisées nous donnent à lire. Cette livraison en dévoile pour la première fois la partie cachée : un chantier d’écriture aux innombrables esquisses inédites que Valéry présente lui-même comme un « recueil paradoxal de fragments, de commencements ».
Soustraire le conte aux caprices du hasard et aux interventions incontrôlables du lecteur, c’est l’objectif d’une prose qui se veut rigoureuse et parfaite tout en parcourant la totalité des mondes fictifs possibles. En acceptant la proposition de Gaston Gallimard qui, en 1923, lui demande de faire « un roman cérébral et sensuel», Valéry saisit l’occasion d’écrire des contes capables de communiquer une sorte de « sensibilité intellectuelle ». Tandis que des débuts de récit naissent facilement sous sa plume, leurs prolongements, voire achèvements s’avèrent difficiles et soulèvent d’énormes problèmes esthétiques. Les onze études réunies dans le volume 15 éclairent, dans différentes perspectives complémentaires, des aspects essentiels de ces Histoires brisées : les unes abordent leur genèse et leur composition complexes, la tradition littéraire dont le recueil hérite ou les variations autour de certains thèmes privilégiés ; les autres interrogent le genre poétique et l’unité de ces ébauches fort hétérogènes, analysent une fiction mêlant la narration |
Les douze études constituant cet ouvrage explorent un projet de Paul Valéry resté pratiquement inconnu à ce jour : L’Isle sans nom. Elles montrent comment, sous la forme aussi réjouissante qu’inattendue d’un « conte pour la scène », ce chantier se nourrit des problématiques les plus importantes – et, parfois, les plus secrètes – de la pensée valéryenne : le motif romanesque d’un naufragé amnésique offre à l’écrivain l’occasion de donner corps à l’expérience de la « tabula rasa » qui lui est chère, de même qu’une géographie de fantaisie lui permet de montrer, au sein d’une fable politique, les crises latentes et les fantômes de l’Europe de 1936.
Sommaire
Préface par Benedetta Zaccarello
I. CARTOGRAPHIE DE L'ÎLE SANS NOM 1. L’Odyssée de “l’Homme-tout-nu” : lecture en filigrane, par Micheline Hontebeyrie 2. Un portrait sans nom, par Michel Jarrety 3. Les méandres d’une dramaturgie, par Franz Johansson 4. Valéry et le “flux de la vie matérielle” : une lecture de L’Isle sans nom comme scénario, par Jean-Louis Jeannelle |
in memoriam Huguette Laurenti
avant-propos, par Nicole Celeyrette-Pietri et Huguette Laurenti 1. “Le Yalou” : aperçu du dossier, par Françoise Haffner. 2. Éléments de bibliographie, par Régine Pietra. 3. Glose en aparté autour de la genèse d’un fac-similé, par Micheline Hontebeyrie. 4. L’Espace marin, une génétique des commencements, «Le Yalou», par Huguette Laurenti. 5. Intertextualité et poésie dans «Le Yalou», par Françoise Haffner. 6. Écriture, imaginaire et métaphore, une lecture du “Yalou”, par Tatsuya Tagami. 7. Le Sage chinois, le barbare civilisé et la pensée du Tao, par Isabelle Combes. 8. La Recherche difficile d’une frontière pendulaire entre Occident et Orient. Quelques observations en marge du “Yalou”, par Barbara Scapolo. 9. Préoccupations politiques et métapolitiques dans «Le Yalou», par Nicole Celeyrette-Pietri. 10. Quelques choses du “Yalou”, par Jean-Philippe Biehler. |
1. Valéry et la sincérité, par Daniel OSTER
2. Quel homme veut-on ?, par Pierre JOURDAN 3. Valéry inactuel, par Régine PIETRA 4. L’approche transdisciplinaire de Valéry et les « deux cultures », par Jürgen SCHMIDT-RADEFELDT 5. Un nouveau regard sur les cahiers, par Judith ROBINSON-VALÉRY 6. L’écriture informe dans les Cahiers, par Shuhsi KAO 7. Écrire comme on efface, par Jean-Marc HOUPERT 8. Composer continu et discontinu : modulation et fragmentation dans l’écriture valéryenne, par Brian STIMPSON 9. Agathe, utopie de la pulsion sémiotique Valéryenne, par Kunio TSUNEKAWA 10. Alphabet, « Une cosmochronie fondamentale », par Maria Teresa GIAVERI 11. Graphie, calligraphie : l’esthétique valéryenne et l’acte d’écrire, par Robert PICKERING 12. Le ballet-théâtre valéryenne, par Huguette LAURENTI 13. Une scène pour le poème, par Antonietta SANNA 14. L’anamnèse dans La Jeune Parque, par Florence de LUSSY 15. Muthos, Eros, Logos : Valéry et la mythopoésie du désir, par Paul GIFFORD 16. Le musée chez Valéry, par Claude FOUCART 17. Valéry et les philosophes, par Gilbert KAHN 18. La physique du corps : le dépassement dépassé ?, par Harmut KÖHLER 19. La « connaissance de la connaissance », par Nicole CELEYRETTE-PIETRI |