Ce n’est que la partie émergée d’un immense iceberg que les éditions des Histoires brisées nous donnent à lire. Cette livraison en dévoile pour la première fois la partie cachée : un chantier d’écriture aux innombrables esquisses inédites que Valéry présente lui-même comme un « recueil paradoxal de fragments, de commencements ».
Soustraire le conte aux caprices du hasard et aux interventions incontrôlables du lecteur, c’est l’objectif d’une prose qui se veut rigoureuse et parfaite tout en parcourant la totalité des mondes fictifs possibles. En acceptant la proposition de Gaston Gallimard qui, en 1923, lui demande de faire « un roman cérébral et sensuel», Valéry saisit l’occasion d’écrire des contes capables de communiquer une sorte de « sensibilité intellectuelle ». Tandis que des débuts de récit naissent facilement sous sa plume, leurs prolongements, voire achèvements s’avèrent difficiles et soulèvent d’énormes problèmes esthétiques. Les onze études réunies dans le volume 15 éclairent, dans différentes perspectives complémentaires, des aspects essentiels de ces Histoires brisées : les unes abordent leur genèse et leur composition complexes, la tradition littéraire dont le recueil hérite ou les variations autour de certains thèmes privilégiés ; les autres interrogent le genre poétique et l’unité de ces ébauches fort hétérogènes, analysent une fiction mêlant la narration |
Les douze études constituant cet ouvrage explorent un projet de Paul Valéry resté pratiquement inconnu à ce jour : L’Isle sans nom. Elles montrent comment, sous la forme aussi réjouissante qu’inattendue d’un « conte pour la scène », ce chantier se nourrit des problématiques les plus importantes – et, parfois, les plus secrètes – de la pensée valéryenne : le motif romanesque d’un naufragé amnésique offre à l’écrivain l’occasion de donner corps à l’expérience de la « tabula rasa » qui lui est chère, de même qu’une géographie de fantaisie lui permet de montrer, au sein d’une fable politique, les crises latentes et les fantômes de l’Europe de 1936.
Sommaire
Préface par Benedetta Zaccarello
I. CARTOGRAPHIE DE L'ÎLE SANS NOM 1. L’Odyssée de “l’Homme-tout-nu” : lecture en filigrane, par Micheline Hontebeyrie 2. Un portrait sans nom, par Michel Jarrety 3. Les méandres d’une dramaturgie, par Franz Johansson 4. Valéry et le “flux de la vie matérielle” : une lecture de L’Isle sans nom comme scénario, par Jean-Louis Jeannelle |
in memoriam Huguette Laurenti
avant-propos, par Nicole Celeyrette-Pietri et Huguette Laurenti 1. “Le Yalou” : aperçu du dossier, par Françoise Haffner. 2. Éléments de bibliographie, par Régine Pietra. 3. Glose en aparté autour de la genèse d’un fac-similé, par Micheline Hontebeyrie. 4. L’Espace marin, une génétique des commencements, «Le Yalou», par Huguette Laurenti. 5. Intertextualité et poésie dans «Le Yalou», par Françoise Haffner. 6. Écriture, imaginaire et métaphore, une lecture du “Yalou”, par Tatsuya Tagami. 7. Le Sage chinois, le barbare civilisé et la pensée du Tao, par Isabelle Combes. 8. La Recherche difficile d’une frontière pendulaire entre Occident et Orient. Quelques observations en marge du “Yalou”, par Barbara Scapolo. 9. Préoccupations politiques et métapolitiques dans «Le Yalou», par Nicole Celeyrette-Pietri. 10. Quelques choses du “Yalou”, par Jean-Philippe Biehler. |