SommaireIntroduction. Romain Gary ou le roman total / Introduction. Romain Gary or the total novel, par Yves BAUDELLE, Julien ROUMETTE 1. Stratégie océan bleu : saisir l’originalité de Romain Gary / Blue Ocean Strategy. Grasping the Originality of Romain Gary, par Jørn BOISEN 2. « La boîte de couleurs » défendue ou la tentation picturale de Romain Gary / The Forbidden “box of colors” or the Pictorial Temptation of Romain Gary, par Julien ROUMETTE 3. Pour Sganarelle et le Nouveau Roman : la métafiction de Gengis Cohn / Pour Sganarelle and the Nouveau Roman : The Metafiction of Genghis Cohn, par Ruth DIVER 4. Méditer le roman avec Romain Gary dans Pour Sganarelle / Meditate on the Novel with Romain Gary in Pour Sganarelle, par Astrid POIER-BERNHARD 5. Romain Gary, la réalité, échec et mat ? / RomainGary, Reality, Checkmate ?, par Maxime DECOUT 6. Les voix de l’absence : la polyphonie du skaz chez Gary / The Voices of Absence : The Polyphony of Skaz in Gary’s Work, par Sophie BERNARD-LÉGER 7. Aux sources du soufisme des Racines du ciel et de La Vie devant soi, Émile Dermenghem /To the Sources of Sufism in The Roots of Heaven and The Life Before Us, Emile DermengheM, par Jean-François HANGOUËT 8. Du premier amour au livre posthume : Romain Gary et la création recommencée / From First Love to Posthumous Book : Romain Gary and the Renewal of Creation, par Anne MORANGE 9. Géographies américaines de Romain Gary / American Geographies in Romain Gary’s Works, par Carine PERREUR 10. Lilly Sauter, première traductrice de Romain Gary en allemand / Lilly Sauter, First Translator of Romain Gary’s Works into German, par Karl ZIEGER 11. Du gaullisme littéraire de Romain Gary / On Romain Gary’s Literary Gaullism, par Kerwin SPIRE 12. Romain Gary face aux pouvoirs de la bêtise : Totoche, Filoche et leurs disciples / Romain Gary Facing the Powers of Stupidity : Totoche, Filoche and Their Disciples, par Nicolas GELAS Commander en ligne ici. |
Dans Pour Sganarelle, Gary fait du picaresque la notion clé de sa conception du roman. Plus qu’à un genre, il se réfère à un type de personnage : le picaro. Voyous, prostituées, maquereaux, vagabonds peuplent ses romans, avec en filigrane la figure de l’auteur. Pourtant, le roman picaresque n’est pas un véritable modèle littéraire pour Gary. L’idéalisme est trop ancré en lui. La figure du « paumé », marginal d’une autre façon, par désir d’aliénation, contrebalance le cynisme lucide et intéressé du picaro. Ce volume précise le sens de la référence picaresque chez Gary : ancrage dans des traditions littéraires (américaine, russe, française), originalités (référence à Teilhard de Chardin) et figures privilégiées (Jésus, Judas, le Juif errant).
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« La vie est jeune », écrit Gary dans La Promesse de l’aube. L’attention aux phénomènes de génération est une constante de son œuvre. Parce qu’il a fait partie d’une génération qui s’est forgée et imposée dans l’action, cette notion est, pour lui, essentielle. Homme de la France Libre, il n’a eu de cesse de proclamer sa fidélité à la fraternité combattante de 1940.
Mais Gary ne s’enferme pas dans la commémoration de ce qu’il a vécu. Sa fidélité à sa fratrie, paradoxalement, l’ouvre aux autres générations. Il a mis toute sa lucidité à percevoir ce qui habitait en propre chacune de celles qu’il a croisées ensuite, des adolescents d’après-guerre à la jeunesse américaine des années Soixante, puis à celle de la France des années Soixante-Dix, allant même jusqu’à en incarner une des voix marquantes sous le pseudonyme d’Ajar. Fait exceptionnel, par son attention à la jeunesse, Gary a ainsi été l’écrivain de plusieurs générations. À l’articulation de deux générations se jouent les notions d’héritage, de transmission, de révolte, de succession par la révolte, etc. Chez Gary, elle est marquée par l’absence, la révolte et les adoptions : absence des parents, la plupart des héros garyens sont orphelins ; |