« ALM » (Archives des Lettres modernes) est une collection destinée à présenter des études ou essais brefs sur une œuvre, un auteur ou une question littéraire, selon des perspectives novatrices.
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DERNIERS VOLUMES PARUS
Llewellyn Brown : Beckett à la lumière de Dostoïevski
Samuel Beckett lut les romans de Fiodor Dostoïevski essentiellement dans les années 1930, une lecture qui ne semble pas l’avoir accompagné durant sa vie, contrairement à d’autres comme celle de Dante. Cependant, l’attention appuyée qu’il portait à l’œuvre du romancier russe nourrit d’emblée une réflexion formelle sur la composition de son roman Murphy. Certains motifs précis continuaient à se disséminer dans son œuvre, nécessitant d’étudier la place qu’ils occupent chez Dostoïevski, pour ensuite tracer leur évolution chez Beckett. Des résonances plus étendues se discernent chez les deux auteurs qui s’éclairent mutuellement, permettant de mettre en évidence les liens souterrains réunissant ces écrivains apparemment si dissemblables.
Claude Le Manchec : Joë Bousquet : l'assomption du poème
Dans ses écrits, Joë Bousquet ne cesse de rappeler des poèmes qui sont venus en éclaireurs sur une voie absolument personnelle. Plusieurs livres mêlent en des récits ou des fragments de récit notations diverses et poèmes accomplis comme si l’auteur voulait atteindre un langage jamais encore proféré.
Nathalie Solomon : Le Récit manquant : sur le possible littéraire au XIXe siècle
Le récit manquant caractérise le XIXe siècle : dans ce monde où tout est littérature, il n’est plus besoin de raconter pour esquisser une intrigue, l’allusion suffit. Six chapitres développent cette idée avec les exemples de Gautier, Balzac, Mérimée, Stendhal, Dumas ainsi que des récits de voyage.
Marie-France et Jean de Palacio : Paul Alexis, l'outsider des lettres
Paul Alexis (1847-1901), qui se désignait lui-même comme un outsider, méritait de sortir de l’ombre et de n’être plus seulement considéré comme un féal d’Émile Zola. L’étude des nombreuses facettes de sa personnalité et de son œuvre permet de définir sa singularité littéraire et d’en révéler la richesse.
Cet essai offre une étude approfondie d’une sélection d’œuvres de Laurent Gaudé au moyen d’approches théoriques précises et variées : postcoloniale, romanesque, mythologique et écocritique. Comment la littérature gaudéenne réorganise-t-elle un espace littéraire transnational sans frontières ? Dans son théâtre, ses nouvelles et ses romans, l’auteur restitue la mémoire oubliée du subalterne, faisant se chevaucher les histoires de ses personnages, et utilisant sa poétique pour relier les histoires multiculturelles à un message d’espoir et de résilience humaine. Le programme militant de Gaudé prend vie de façon éclatante à travers des récits stylistiquement sophistiquées poignants qui redéfinissent l’imaginaire du XXIe siècle.
Llewellyn Brown : Samuel Beckett et l'écriture des ruines : de Mercier et Camier à Soubresauts
Le motif des ruines traverse l’œuvre de Beckett en pointillé, désignant paradoxalement le vrai refuge de celui qui, solitaire, est expulsé de toute habitation susceptible de lui assurer une identité et une place parmi ses semblables. Au bombardement historique de Saint-Lô succède une expérience de l’effondrement corporel. Enfin, l’évocation des endroits sans issue et des étendues désertiques figure l’absence de tout lieu stable. Malgré cette impasse, ces sites impersonnels réussissent à donner corps à la part du vivant qui échappe à l’être et à la nomination, ainsi que le révèlent certains des derniers textes en prose. Le présent ouvrage se donne pour tâche d’examiner ce thème qui touche à l’imaginaire, au langage et à l’existence.
Llewellyn Brown : Marguerite Duras, écrire et détruire : un paradoxe de la création
Le thème de la destruction, qui insiste dans l’œuvre de Marguerite Duras, paraît hautement problématique. Il s’associe à des personnages livrés à la folie et à l’errance, à l’intérêt porté par l’auteur aux conduites criminelles, ou encore à certaines de ses déclarations prônant l’abolition des conventions sociales et des valeurs culturelles. Cependant, loin d’être un mot d’ordre idéologique, ce terme touche à un point névralgique de la création durassienne, exprimant le rapport subjectif de l’auteur à la terrifiante dimension destructrice inhérente au langage. Paradoxalement, celle-ci lui offre un socle à partir duquel elle fait œuvre. “Détruire” revient donc à donner à l’écriture sa portée réelle.
La notion de figure permet de circonscrire le bilinguisme de Samuel Beckett et de le redéfinir pour rendre compte d’une éthique d’écriture qui dicte ses propres règles de composition. Ainsi, le phénomène bilingue dans l’œuvre s’entend comme une sémiotique qui déborde de ses frontières linguistiques. La figure du bilinguisme agit alors, dans la langue, par le style ; entre les langues, par l’auto-traduction ; au théâtre, par ses personnages fantomatiques. Figure de passage paradigmatique de toutes les autres formes de transition qui caractérisent le parcours créateur de Samuel Beckett, le bilinguisme est envisagé comme une forme – à la fois modèle et mouvement –, non comme une simple compétence linguistique.
Christian Chelebourg : Victor Hugo, le châtiment et l’amour — sens de l’exil
Pour l’imaginaire du sujet hugolien, le départ en exil induit tout à la fois une renaissance littéraire et une installation dans la mort. L’espace terrestre, désormais confondu avec le «monde châtiment», devient l’enjeu d’un idiomythe fondé sur la révélation de la marche progressiste de l’histoire humaine. C’est en opposant au châtiment le pardon, c’est-à-dire l’amour que l’homme assurera son élévation céleste. L’amour devient le moteur du progrès en s’incarnant dans la femme et plus particulièrement dans la mère, la fécondation apparaissant comme une victoire de l’âme sur la matière. Cet idiomythe qui donne tout son sens à l’écriture exilique, le sujet l’imagine pour réparer les défaillances de sa propre mère. Nous en étudions l’élaboration, le développement et les effets en rayonnant dans l’œuvre à partir de six textes majeurs de la période, couvrant l’ensemble des activités littéraires et politiques de l’auteur.
CHELEBOURG, Christian. Victor Hugo, le châtiment et l’amour — sens de l’exil. Caen, Lettres Modernes Minard, 2010. Coll. « Archives des lettres modernes » 294/« Archives Victor Hugo » 12. Un volume broché, rogné 19 cm. 158 p. 17 € ISBN 978-2-256-90490-5
Lydie Parisse : La “parole trouée” : Beckett, Tardieu, Novarina
Héritiers du théâtre symboliste mais aussi du primitivisme littéraire présent chez Lautréamont, Rimbaud, Jarry et Artaud, ces trois auteurs, chacun dans leur approche singulière, ressentent le théâtre comme le lieu de la parole, en tant qu’elle reflète une lacune, une inquiétude qui s’exprime ailleurs, dans leurs essais, dans leurs poèmes. Tous trois sont des poètes, et fondent leur théâtre sur le “sentiment d’étrangeté” dans la langue. Tous trois pensent l’espace scénique à partir de la peinture, de son regard autre, de son langage autre. Tous trois sont attachés à la figure de la singularité, tous trois ont leur double. Tous trois ont leur part d’enfance. Tous trois, au fondement de l’écriture, revendiquent l’expérience de sortie de soi, tout en étant résolument athées. Tous trois interrogent sur scène les limites du représentable. Tous trois fondent l’acte théâtral sur la pratique — et non pas seulement l’idée — de dépossession.
En explorant les liens qui unissent création poétique et vocabulaire scénique l’auteur cherche à nommer un rapport au langage et au réel : le théâtre de Beckett, dans sa radicalité qui le rapproche de la théologie négative, met en scène le langage, le regard, la figure du dépossédé; le théâtre de Tardieu, parce qu’il est impossible, rend compte des obsessions du poète à approcher l’insaisissable; le théâtre de Novarina, placé sous le signe de la «manducation de l’invisible», développe une théâtralité paradoxale fondée sur l’aporie du dire, et empruntant au vocabulaire pictural et mystique.
PARISSE, Lydie. La “parole trouée” — Beckett, Tardieu, Novarina. Caen, Lettres Modernes Minard, 2008. Coll. « Archives des lettres modernes » 292. Un volume broché, rogné 19 cm. 160 p. 17 € ISBN 978-2-256-90488-2
André Peyronie : “Un Balcon en forêt”de Julien Gracq les guetteurs de l’apocalypse
Quand l’aspirant Grange est affecté dans les Ardennes, il a l’impression que la “vraie vie” n’est plus tout à fait “ailleurs”, et que, dans cette forêt-frontière, entre l’ici et l’ailleurs, le présent et le futur, le connu et l’inconnu, il lui est non seulement possible de vivre autrement, mais aussi d’approcher le point d’où les contradictions s’aboliraient, et où une autre connaissance serait possible. Une nouvelle fois, de manière très troublante, on dirait que l’imaginaire du héros gracquien rejoint spontanément l’ambition surréaliste. Mais la maison forte est-elle vraiment le balcon que promet le titre et d’où il serait possible de « voir » ? Les signes signifient-ils? Quelle apocalypse guette-t-on ici ? À quelle aurore faut-il veiller? C’est dans l’unité et l’accomplissement esthétiques du texte que se trouvent les réponses.
PEYRONIE, André. “Un Balcon en forêt” de Julien Gracq — les guetteurs de l’apocalypse. Caen, Lettres Modernes Minard, 2007. Coll. « Archives des lettres modernes » 291. Un volume broché, rogné 19 cm. 142 p. 15 € ISBN 978-2-256-90487-5
Sabine Hillen : Écarts de la modernité le roman français de Sartre à Houellebecq
Prenant le contre-pied des classements en histoire littéraire, cette étude interroge ce malaise des Modernes qui tient essentiellement à la fragilisation de la volonté. Pour comprendre la généalogie du «mal-être», la démarche a suivi plusieurs étapes (romans écrits entre 1938 et 2000) en essayant de voir par quels points celles-ci se rattachaient à la pensée contemporaine, de cerner comment les auteurs se répondent à travers leurs œuvres, tout en construisant des dialogues de l’un à l’autre, en forme de fugue. L’idée de départ fut de placer chaque fois la notion du libre arbitre dans un contexte romanesque. Chemin faisant le thème de la mélancolie — précisément comme absence d’autonomie et proximité du déclin — s’y est ajouté. Ce contraste entre liberté et mélancolie a permis de décrire l’écart de la modernité; celui-ci se profile chez Modiano, Michon et Houellebecq comme «apathique», plus proche de la mentalité romantique que des Lumières. L’acédie fin-de-siècle n’a plus d’accointance avec la mélancolie sartrienne. Elle est avant tout une déception où l’individu ne peut plus investir dans les autres, ni dans sa solitude. S’ensuit un engagement limité, rêveur qui ne croit plus dans la virulence de l’action politique, mais qui s’interroge prudemment sur les façons d’atteindre l’autre.
HILLEN, Sabine. Écarts de la modernité — le roman français de Sartre à Houellebecq. Caen, Lettres Modernes Minard, 2007. Coll. « Archives des lettres modernes » 290. Un volume broché, rogné 19 cm. 152 p. 20 € ISBN 978-2-256-90484-9
Giovanni Berjola : Arthur Rimbaud et le complexe du damné
Tout poète est un sujet, et tout sujet a son angoisse. Celle d’Arthur Rimbaud prend très tôt la forme d’un enfer imaginaire qui se révèle progressivement au fil de sa vie et de ses œuvres complètes. Se voyant à la fois comme un damné, un martyr et un maudit, le jeune poète élabore une fiction intime où la pratique du mensonge, de la paresse et la luxure va de pair avec une recherche désespérée de la rédemption et de l’amour maternel. Des premiers textes du collège à la correspondance africaine en passant par Une Saison en enfer, la présente étude, qui se veut une première approche de l’imaginaire rimbaldien, retrace un cheminement poétique aussi bien qu’un itinéraire personnel : la poésie de Rimbaud est une expérience où l’écriture et la vie ne font qu’un.
BERJOLA, Giovanni. Arthur Rimbaud et le complexe du damné. Caen, Lettres Modernes Minard, 2006. Coll. « Archives des lettres modernes » 289. Un volume broché, rogné 19 cm. 144 p. 20 € ISBN 978-2-256-90483-7
Philipp Rehage: Correspondance Guillaume Apollinaire–Herwarth Walden (Der Sturm) 1913-1914
La correspondance entre Guillaume Apollinaire et Herwarth Walden présentée ici eut lieu lors de cette époque de création intense précédant immédiatement la Première Guerre mondiale. Elle reflète un moment privilégié des relations franco-allemandes sur le plan des arts et des lettres. Apollinaire, toujours soucieux de faire connaître les œuvres de ses amis peintres comme Picasso, Robert Delaunay ou Marie Laurencin, trouva en Herwarth Walden, l’éditeur berlinois de la revue expressioniste Der Sturm, un fidèle allié. À l’instar d’Apollinaire qui regroupait les artistes de l’avant-garde française sur des termes comme esprit nouveau ou orphisme, Walden rassembla l’avant-garde allemande et internationale sous le terme d’expressionnisme. Dans sa revue et dans sa galerie, ce dernier offrit une vitrine aux peintres et aux écrivains. Bientôt, Apollinaire, dont les poèmes et critiques paraissaient dans Der Sturm, devint l’entremetteur privilégié entre Walden et l’avant-garde française. Des visites et des expositions s’en suivirent. Apollinaire maîtrisant la langue de Goethe, cette correspondance, qui était pour la majeure partie jusqu’ici inédite, se fit en allemand. Elle est ici présentée en version bilingue et commentée.
REHAGE, Philipp. Correspondance Guillaume Apollinaire– Herwarth Walden (Der Sturm) 1913-1914. Caen, Lettres Modernes Minard, 2007. Coll. « Archives des lettres modernes » 288. Un volume broché, rogné 19 cm. 106 p. 20 € ISBN 978-2-256-90482-0
Valéry : Dossier de notes manuscrites inédites pour “Le Souper de Singapour” transcrit et commenté par Huguette Laurenti
« Chef-d’œuvre de l’impraticable » comme le qualifiait Valéry, “Le Souper de Singapour” a été une œuvre voulue mais non aboutie et elle reste, en l’état, une œuvre virtuelle. Son projet se situait dans une phase critique de la réflexion valéryenne; c’est l’époque exaltée de la recherche du « Système » : ne plus voir toutes choses que dans leur traitement psychique et leurs effets de représentation par l’esprit.
Tout montre que Valéry espérait trouver là, par le biais de la forme narrative et dialoguée, un moyen d’exprimer les théories qu’il était en train d’élaborer. À travers la fiction d’un souper après le bain et de la rencontre de personnages-types dans un lieu lointain quasi mythique, le sujet fondamental devait être la représentation des divers modes de fonctionnement de l’esprit et des relations qui composent l’individu ou les «classes» d’individus. C’est bien le «comment» qui est l’objet essentiel de la recherche.
Dans une riche introduction Huguette Laurenti nous présente la synthèse — à ce jour — de ce qu’il faut savoir de ce projet qui n’a jamais débouché sur un commencement de création véritable. Suit la transcription du dossier manuscrit des notes et brouillons rassemblés à l’enseigne du “Souper”.
Valéry : dossier de notes manuscrites inédites pour “Le Souper de Singapour”, transcrit et commenté par Huguette LAURENTI. Caen, Lettres Modernes Minard, 2006. Coll. « Archives des lettres modernes » 287 / « Archives Paul Valéry 10 ». Un volume broché, rogné 19 cm. 112 p. 20€ ISBN 978-2-256-90481-3
Sarah Charieyras : Le Dit et le non-dit dans “L’Usage de la parole” de Nathalie Sarraute
Qu’elle soit théâtrale, romanesque ou critique, l’œuvre de Nathalie Sarraute a toujours eu comme sujet principal l’étude des “tropismes”. Or ces sensations fugaces qui se développent de façon inconsciente au gré des conversations même les plus banales semblent justement de l’ordre de l’indicible.
À travers une observation de L’Usage de la parole, cette étude se propose de mettre à jour et d’élucider ce paradoxe, en montrant l’originalité et la force poétique de l’écriture sarrautienne qui réussit le tour de force de dire le non-dit.
CHARIEYRAS, Sarah. Le Dit et le non-dit dans “L’Usage de la parole” de Nathalie Sarraute. Caen, Lettres Modernes Minard, 2006. Coll. « Archives des lettres modernes » 286. Un volume broché, rogné 19 cm. 98 p. 15 € ISBN 978-2-256-90480-6
Lydie Parisse : Mystique et littérature : l’autre de Léon Bloy
Au-delà de la volonté apologétique de l’œuvre, au-delà de la question de la « religion » de Bloy, la référence à ce que l’on pourrait nommer la «culture» mystique est cruciale pour aborder une œuvre qui ne peut se comprendre sans les fondements anthropologiques sur lesquels elle repose : la référence à une expérience singulière qui détermine à la fois une posture littéraire et une poétique. Bloy s’abreuve à deux sources : les visionnaires et les mystiques, souvent confondus à tort à l’époque. Les visionnaires, en vogue dans les milieux littéraires et catholiques, nourrissent chez lui un imaginaire de la dissidence, une revendication de primitivisme et une théologie fantastique, en permettant l’identification systématique de Bloy aux figures de l’autre et du sauvage. Mais les mystiques exercent une influence prépondérante en prônant une attitude de perte de soi radicale face à l’ineffable : le pur amour. L’auteur en étudie la mise en scène dans Le Désespéré et La Femme pauvre, dont l’économie est orientée vers un pari, et qui révèlent tous deux une tension entre l’idéologie pénitentielle et la recherche de gratuité totale des mystiques. Tandis que le modèle mystique prédomine peu à peu, les deux romans, à une décennie d’écart, développent un parcours qui va de la tentation de l’esthétique tragique à l’émergence d’une littérature de type épiphanique.
PARISSE, Lydie. Mystique et littérature — l’autre de Léon Bloy. Caen, Lettres Modernes Minard, 2006. Coll. « Archives des lettres modernes » 285. Un volume broché, rogné 19 cm. 148 p. 19 € ISBN 978-2-256-90479-0
Léopoldine Duparc : Transmutations de la philosophie dans l’univers imaginaire de Julien Gracq
Parmi toutes les influences qui traversent l’œuvre de Julien Gracq, c’est peut-être celle de la philosophie, quoique délicate à évaluer, qui s’exerce le plus profondément sur sa pensée et son esthétique. Cette étude vise à reconsidérer les thèmes récurrents de l’imaginaire gracquien (comme le désir, le double ou le destin) en remontant aux textes mêmes de Hegel et de Nietzsche — entre autres — qui, réinterprétés par la fiction romanesque, ont insufflé leurs dynamiques complémentaires à différents niveaux : non seulement elles relèvent parfois d’une affinité consciente avec ces philosophies de l’être, de l’art, de la connaissance ou de l’Histoire, structurant ainsi l’intrigue dans son ensemble, mais ces impulsions sont parfois décelables jusque dans la phrase et les procédés d’écriture. On s’est efforcé de suivre avec souplesse les détours d’une intertextualité philosophique d’autant plus féconde qu’elle est ouverte à toutes les fantaisies : Gracq, pour qui la philosophie n’est jamais qu’un instrument, parmi d’autres, de la création littéraire, n’hésite pas à susciter entre divers systèmes des rencontres inattendues, à les croiser avec des sources romanesques, et même à en détourner le sens avec une absence de sérieux revendiquée. On verra également que les différents modes d’influence qu’ont exercés au fil du temps ces philosophies sur Gracq sont révélateurs de l’évolution de son écriture, des premiers romans jusqu’aux adieux progressifs à la fiction.
DUPARC, Léopoldine. Transmutations de la philosophie dans l’univers imaginaire de Julien Gracq. Caen, Lettres Modernes Minard, 2006. Coll. « Archives des lettres modernes » 284. Un volume broché, rogné 19 cm. 134 p. 19 € ISBN 978-2-256-90478-3
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