Écrit en 1932, entre les deux premières pièces de théâtre de l’auteur et Solitude de la pitié, en amont, et Le Serpent d’étoiles, en aval, Jean le Bleu est dans la production du Giono des années Trente une œuvre atypique. Son statut générique est incertain : autobiographie ? roman ? En outre, conçu par l’auteur comme « une œuvre refuge » (Robert Ricatte), ce livre reste profondément marqué par la mélancolie caractérisant la grave crise morale qu’il traverse de 1930 à 1934. C’est sans doute à cette place à part dans la création gionienne que Jean le Bleu doit d’avoir été jusqu’ici relativement peu exploré par la critique.
Les cinq études que rassemble cette livraison se proposent donc de combler un manque. Chacune jette sur l’œuvre un éclairage complémentaire de celui des quatre autres. Michel Gramain dresse un bilan complet de la réception du livre dans la presse de l’époque. Christian Morzewski s’intéresse à la « valeur matricielle » d’un texte qui entretient d’étroites relations avec d’autres œuvres de Giono, tant antérieures que postérieures. Frédérique Parsi montre l’importance décisive de la place et du rôle de la musique dans ce roman d’initiations. Marie-Anne Arnaud Toulouse observe que la société décrite dans ce récit d’enfance est profondément marquée par la religion catholique, mais que celle-ci |
Jean Giono 9
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