Dans le présent recueil “le cas Roussel” est confronté au discours de la psychanalyse. Le logophile qu’est Roussel aime la langue telle la mère, ne se satisfaisant que d’une appropriation complète ; il s’aperçoit pourtant obligatoirement du fait que la langue est autre, appartenant aux autres. Une des questions clé concerne les connexions entre la vie et l’œuvre. Importe avant tout pourtant la spécificité de l’acte littéraire et de son corollaire, la lecture. Pourrait-elle résider justement dans la constante altercation entre le contrôle réglé d’une construction langagière et ce que cette réalisation permet par là même de montrer comme manque ? En même temps cette absence essentielle constitue une déterritoralisation qui ouvre sur le grand air, le souffle du désir.
Sommaire
1. Roussel ou l’extase de la lettre : Psychanalyse du double, par Paul-Laurent ASSOUN
2. Sur la vue de ma mère, par Mathieu JUNG 3. Raymond Roussel auteur naïf ou dramaturge original ?, par Pieter de NIJS 4. Tant que je parle, je suis : Enfer du double et Paradis de la gloire, par Helga FINTER 5. Un souvenir d’enfance de Raymond Roussel, par Pierre BAZANTAY 6. La vision néo-anthropologique d’Impressions d’Afrique, par Kenji KITAYAMA |
L’œuvre de Roussel est probablement le résultat d’une combinaison inédite de l’académisme littéraire le plus plat et d’un traitement inédit du langage qui fait de la langue la matière première et l’érige en facteur déterminant de la littérarité du texte tout en reléguant au deuxième plan les instances à travers lesquelles l’on a traditionnellement cherché le sens et la valeur des textes littéraires : l’auteur, l’époque, le genre, le mouvement… Les travaux réunis dans ce volume s’efforcent de saisir la singularité de l’écriture roussellienne à travers l’analyse de son rapport à la langue. Un important dossier est consacré à la passionnante relation que le poète américain John Ashbery a entretenu toute sa vie avec l’œuvre de Roussel.
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