Dans cet essai posthume Malraux ne perçoit que le devoir mourir incontournable et imminent, mais abstrait. La mort est ici une figure mentale, une forme de memento mori. Elle ne donne lieu à aucun épanchement pathétique, à aucune révolte, elle ne suscite aucun effroi. En revanche, par sa présence elle contraint la pensée de mesurer toutes les conséquences de sa seule existence. Elle atteint en particulier ce que les hommes voudraient préserver : le sens de leur passage sur terre. Cette méditation se présente comme un parcours spirituel, elle reflète, autant qu’elle invite à réfléchir. Si Lazare revient à la vie, Malraux court à la mort, tandis que le scripteur de L’Homme précaire tente d’arracher au trépas quelques derniers fragments de sens.
Malraux fait intervenir l’homme précaire dans un contexte contemporain plutôt défavorable. Cette caractérisation intervient après la seconde guerre mondiale, désignant un homme fragilisé, qui a perdu les sens des valeurs. L’apparition de cet homme affaibli, instable serait une conséquence de l’aléatoire, qui s’impose en France à partir de 1960. L’homme précaire est donc un produit de l’aléatoire : à l’instabilité du monde, il joint l’incertitude de son être. Dans ce contexte délétère, les valeurs symboliques protégées par la Secte se trouvent compromises parce qu’elles perdent le fondement de leur légitimité. L’univers des formes dont parlait René Huygue vaincra-t-il l’aléatoire, règne du non-sens et de l’informel ? |
Ce volume procède en deux temps. Il s’intéresse d’abord à la notion d’oralité. Deux articles s’attachent à la circulation de la parole à l’intérieur d’une civilisation, puis à la relation entre la communication et la transcription qu’en donne l’œuvre d’art. Un autre se penche sur la richesse du message grec entre philosophie et théâtre. Quant au dernier, il examine la lutte que se livrent les faussaires, tel Lautréamont, qui recourent à l’imitation, et le créateur authentique qui cherche la voix juste. Ce recueil éclaire par ailleurs tantôt les dialogues réels ou fictifs que Malraux a pu nouer avec des civilisations disparues – la Grèce antique – ou des créateurs défunts, tel Laclos ; tantôt les échanges qu’il a pu avoir avec certains de ses aînés, comme Barrès, Spengler, ou ses contemporains – Morand. Les jeux de références littéraires pouvant aller jusqu’à des recréations, le Waltenberg d’Hédi Kadour fait écho à l’Altenburg de Malraux. Deux études viennent compléter ces investigations : l’une consacrée aux rapports entre Malraux et la Russie, l’autre axée sur sa conception de l’Histoire. |
Le quatorzième volume de la Série “André Malraux” se compose de neuf articles rédigés par des chercheurs d’horizons fort différents, expression polymorphe, en accord avec le goût de la diversité, cher à Malraux. Les premiers se consacrent à l’univers romanesque, les suivants se focalisent sur la peinture et la littérature. Une étude confronte Malraux et l’irrémédiable. Enfin, quatre chercheurs approfondissent les questions philosophiques et esthétiques.
Ce numéro comporte aussi deux études : l’une brosse la figure du terroriste dans le roman malrucien et ses sources russes ; l’autre évoque la bibliothèque. Plusieurs comptes-rendus de lectures donnent un aperçu, non exhaustif, mais stimulant des récentes publications critiques. SOMMAIRE avant-propos, par Évelyne Lantonnet MALRAUX ET LE TEMPS 1. Montres et horloges dans La Condition humaine de Malraux, par Marie-Sophie Doudet. |
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présentation, par Walter G. Langlois
MALRAUX ET L’ART 1. Intervalle et arrachement : Malraux, Henri Focillon et les affinités de forme, par Tom Conley 2. Les Voix du silence : une lecture jungienne, par Bettina Knapp 3. Malraux et l’inscription de l’art : les images plastiques dans L’Espoir, par Philippe Carrard 4. Le Dialogue entre André Malraux et Pablo Picasso, par Renée Riese Hubert DOCUMENT (inédit) L’Art et le roman : l’imagination visuelle du romancier. Entretien avec André Malraux, par Brian Thompson COMPTES RENDUS BIBLIOGRAPHIE André Malraux 4 : “Malraux et l’art”. Walter G. Langlois ed. Paris, Lettres Modernes Minard, 1978. Coll. « La Revue des Lettres modernes ». 200 p. 17,20 € ISBN 2-256-90138-6 |
avant-propos, par Christiane Moatti
L’IMAGINAIRE ÉCRIT 1. La Problématique de l’écriture selon André Malraux, par Édouard MOROT-SIR 2. La Métamorphose d’une œuvre, par Jean-Pierre ZARADER 3. Malraux et l’imagination métaphysique, par Micheline TISON-BRAUN 4. La Théologie négative d’André Malraux, par Stéfan MORAWSKI 5. L’Irruption de l’irrationnel dans l’Histoire, par Marie-Teresa de FREITAS 6. La Figure de l’artiste supplicié : élément du mythe personnel d’André Malraux, par Hector McGILLIVRAY 7. La Représentation de la maladie dans l’univers de Malraux, par Christiane MOATTI 8. Place et rôle de l’aveugle dans l’œuvre d’André Malraux, par Jacqueline MACHABEÏS 9. Aspects du symbole de l'animal chez André Malraux, par Rose-Hélène DEMASY-AGBADJE COMPTES RENDUS |
avant-propos, par Jean-Claude LARRAT
Malraux et la diversité culturelle, par Domnica RADULESCU. 1. La Place de l’Afrique dans la réflexion sur l’art de Malraux, par Henri GODARD 2. Qu’est-ce que l’Inde pour Malraux ?, par Michaël DE SAINT CHERON. 3. André Malraux en Amérique : à la recherche des arts magiques, par Moncef KHÉMIRI. 4. Le Local et l’universel dans L’Espoir, par Joël LOEHR. 5. La Notion de «métamorphose» et le problème de la diversité culturelle dans l’œuvre d’André Malraux, par Jean-Claude LARRAT. 6. De la diversité culturelle à la pluralité des œuvres au sein du Musée Imaginaire, par Jean-Pierre ZARADER. 7. L’Altérité dans l’expérience artistique chez Malraux, par Évelyne LANTONNET. 8. L’Autre de l’autre ou la femme comme médiatrice au dialogue interculturel, par Domnica RADULESCU. DOCUMENTS L’Inde dans les Antimémoires : sources livresques, par Yves BEIGBEDER. |